Ce blog est dédié aux éthiques, mystiques et métaphysiques, religieuses ou séculières, d'Orient et d'Occident.
Chacun
des textes présentés ici est fortement symbolique, et peut donc
susciter d'innombrables interprétations. Toutes sont les bienvenues.
Cependant, il semble important de prévenir des dangers d'une mauvaise
lecture, trop réductrice ou nihiliste, des écrits des mystiques.
Si
nombre des textes qui suivent semblent avoir pour point commun la
description d'un état où le soi lui-même s'efface, et dans lequel le
pratiquant affirme expérimenter la béatitude (comme union au divin, au
Tao, à Brahmâ ; la réalisation du nirvâna...), l'on aurait tort de
réduire cette expérience que décrivent les mystiques, à une simple
absence de « soi », à l'unique recherche d'une vacuité ou à une pure
immersion dans l'absolu.
L'on doit considérer avec attention la thèse du
sociologue Hans Joas, pour lequel cette expérience de « sortie du soi »
- « self transcendence » -, n'est pas un état extraordinaire et
nécessairement intense que ne connaîtraient que les mystiques, mais
aussi une expérience plus ordinaire, qui se produit parfois lorsque
l'on communie avec la nature, que l'on discute avec des amis, ou en
tant d'autres expériences. Et si les mystiques ont une passion
particulière pour cette « sortie du soi », au point de la décrire comme
le sommet de leur pratique religieuse, il ne faut pas en conclure que
les mystiques recherchent l'annihilation ou une pure et totale union au
divin, mais plutôt qu'ils espèrent développer par ce moyen la vertu et
un ensemble de qualités dans un but éthique, à la recherche du bien
commun. Il faut bien garder à l'esprit que les mystiques reconnus par
les principales traditions religieuses n'ont pas seulement fait état
d'une expérience « au-delà » ou « en-deçà » du soi, mais qu'ils ont
décrit cette transcendance comme un moyen de parachever des vertus,
qualités de détachement ou de renoncement, de joie, d'écoute, de
présence, de don, en vue de se tourner vers l'autre et de participer au
mieux à la vie communautaire ou sociale.
C'est là sans doute toute la différence entre les
vues mystiques et les fanatismes ou radicalismes. L'ensemble des
traditions honore certains mystiques pour leurs qualités humaines, non
simplement pour leur passion de la transcendance ; les saints et les
sages que décrivent les différentes civilisations, cherchaient à
diminuer pour grandir leurs qualités, non à grandir pour s'imposer.
Aussi, si certains extraits présentés ici, comme les
citations de Lilian Silburn ou de Michel Meslin, insistent sur le lieu
précis de l'expérience de "self transcendence" que décrivent nombre de
mystiques, il est sans doute nécessaire de réintroduire ces
perspectives dans ce contexte plus global, et de percevoir également
les dimensions ordinaires de ces expériences, telles qu'elles sont
décrites par Hans Joas.
Si ces retranscriptions ne sont généralement pas
replacées dans leur contexte, c'est que le but de ce blog n'est ni de
proposer un regard exhaustif sur les éthiques religieuses ou
séculières, ni d'en imposer une lecture, mais simplement de présenter
ces quelques visions, prises dans leurs expressions les plus brutes et
dénudées, comme autant de faits. Mon souhait est toujours que la
singularité ou la beauté des textes cités invite chacun à explorer par
lui-même ces pensées séculières ou religieuses.
Vous remerciant de vos visites, je vous souhaite d'agréables lectures.
E. M.